Goethe se mheurt

La férocité de Thomas Bernhard fait rage dans les quatre récits rassemblés ici en un seul volume, selon le souhait de l'auteur. « Goethe se mheurt » raconte le dernier jour du géant de la littérature allemande parmi ses fidèles. Le grand écrivain est dans l'attente de la venue du grand philosophe Ludwig Wittgenstein que son serviteur Kräuter a dû aller chercher à Oxford. mais la mort est plus rapide, d'autant que Wittgenstein n'est pas encore né au moment du décès de Goethe. « Montaigne » est le récit d'un homme traqué par sa famille, qui a emporté avec lui un volume de l'auteur des Essais. La détestation de la famille et l'extase que procure la lecture sont les deux moteurs de ce court texte. « Retrouvailles » évoque la rencontre du narrateur avec un ami d'enfance. Les deux avaient été obligés par leurs parents à faire des excursions en montagne ensemble, et les chaussettes tricotées par la mère de son ami incarnent toute l'emprise de leurs familles sur eux. « Parti en fumée » se présente enfin comme une lettre à un ami devenu ennemi intime. L'expéditeur souhaite lui faire part d'un rêve tournant autour de la destruction de la ville de Salzbourg, honnie, car incarnant l'hypocrisie autrichienne héritée du national-socialisme et du catholicisme. Ces quatre miniatures contiennent tout l'univers de Bernhard et forment un condensé très maîtrisé des motifs qui traversent toute son oeuvre.