Dictionnaire de la mort

Car ce dictionnaire, je ne l´ai pas entrepris, on s´en doute bien, pour me distraire, mais parce que chaque fait historique, chaque opinion de philosophe, chaque image de poète, chaque coutume de peuple, chaque liturgie, comme chaque défi ou chaque résignation humaine, me portait vers une méditation d´autant plus féconde qu´elle me rendait plus précieux encore l´antonyme de la mort. J´ai commencé ce livre comme on commence une collection : en unissant, pour me constituer une "sagesse" Personnelle, un feuillet un autre feuillet, jusqu´à me débattre, presque à mon insu, parmi quelques centaines d´entre eux, sans avoir la formation et la patiente méthode d´un chartiste : c´est donc un ouvrage d´amateur et non d´érudit; il s´adresse à l´honnête homme et non au savant ou au spécialiste dont j´accepte d´avance la critique. Je n´ai uoulu surcharger aucune citation de références bibliographiques ou d´apparat critique. Ainsi, plutôt que de citer tel écrivain, tel philosophe ou tel savant en le plaçant dans le cadre d´un de ses livres, j´ai préféré le faire intervenir comme s´il était présent parmi nous : son nom apparaît et il nous parle. C´est un procédé de romancier : je ne le renie pas car il m´a permis bien des associations et des interventions curieuses. Robert Sabatier