Il n’y a qu’à regarder la littérature anglaise autour de 1900 pour comprendre que la rupture avec le naturalisme et le réalisme prend son essence avec toute une génération de romanciers au tournant du XXe siècle. Une génération d’écrivains modernistes qui repousse les limites du roman naturaliste avant que James Joyce, Virginia Woolf ou Dorothy Richardson ne viennent radicalement changer la donne.
Les « géorgiens » : C’est par ce mot que Woolf désigne les romanciers de la génération de 1910, qu’elle oppose aux « édouardiens » comme messieurs H. G. Wells ou Bennett ou Galsworthy qui tiennent en ce début de siècle le haut du pavé littéraire, à l’inverse de Henry James ou Joseph Conrad qui sont bien moins lus, mais dont l’importance littéraire est sans commune mesure.
Sous la bannière de la maison d’édition Bloomsbury, les Woolf vont venir bouleverser les traditions littéraires de la « respectable Angleterre », c’est dans ce sillon que l’œuvre de Virginia Woolf va s’épanouir et trouver une caisse de résonance. De ces artistes, nous retiendrons entre autres D.H. Lawrence dont l’œuvre de romancier reste pour toujours attachée à la censure dont fut l’objet L’amant de Lady Chatterley, E.M. Forster qui met en opposition deux mondes inconciliables dans ses romans, un écrivain lui-même partagé ; ou encore Katherine Mansfield, une nouvelliste puissante qui n’est pas encore assez reconnue en France. Virginia Woolf disait d’elle : « Je ne voulais pas me l'avouer, mais j'étais jalouse de son écriture, la seule écriture dont j’aie jamais été jalouse. Elle avait la vibration. »
Parmi les grands précurseurs du renouveau littéraire anglo-saxon, il faut évoquer Henry James, dont les analyses psychologiques et la dimension qu’il donne à ses personnages montre bien que le roman n’est pas obligatoirement porteur d’une seule vérité et que c’est la perception qu'à le romancier des êtres et du monde qui est au cœur d’un roman.
Il faut aussi mettre Joseph Conrad à sa juste place. Celui qui a su repousser les limites de la psychologie en menant ses personnages (on pense au Kurtz dans Cœur des ténèbres) vers la folie destructrice ou encore Lord Jim (dans le roman éponyme) dans les gouffres d’une conscience torturée. Quand il crée le personnage de Marlow qui devient le narrateur d’autres histoires, il fabrique dans le roman une sorte filtre subjectif, et ce faisant il met au cœur de ses livres la question du « point de vue », ce qui donne à ses œuvres une puissance jusque là inégalée.
Photographie : Lytton Strachey et Virginia Woolf (domaine public).
23,00 €
25,00 €
David Herbert Lawrence
Date de parution : 2012
Editeur : Le Bruit Du Temps
24,00 €
David Herbert Lawrence
Date de parution : 2011
Editeur : Le Bruit Du Temps
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David Herbert Lawrence
Date de parution : 2009
Editeur : Le Bruit Du Temps
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