Le mot mystique provient initialement des mystères grecs, notamment ceux célébrés à Éleusis où l'on fêtait Démeter et Dionysos, où l'initié devait taire ce dont il avait été le témoin, taire, « muein » en grec qui aurait donné donc les mots « mystique » et « mystère ». Et c'est par un secret écho que Ludwig Wittgenstein rejoint presqu'au terme de son Tractatus logico-philisophicus cette signification première, car, si l'initié ne doit pas dire ce qu'il a vu, c'est peut-être parce qu'il ne peut pas le dire : « Il y a assurément de l'indicible. Il se montre, c'est le Mystique ». Parole de l'indicible, la mystique recèle un autre aspect saillant : sa dimension érotique. Car ce n'est pas un hasard si le Banquet de Platon et si le Cantique des cantiques comptent parmi les plus beaux et les plus influents textes mystiques, car l'élan vers l'indicible est aussi un élan amoureux, comme en témoignent l'ardeur et les paroles travaillées, ravagées d'amour de Marguerite Porete, Hadewijch d'Anvers, Milarepa, Simone Weil, Rumi, Bernard de Clairvaux, Thérèse d'Avila, Jean le Croix, Angelus Silesius et de bien d'autres encore,...
Illustration : Déméter remettant à Triptolème les graines sous les yeux de Coré. Musée national archéologique d'Athènes. Domaine public.
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