Le désir de guerre

A l'origine de ce livre initialement paru en 1999 il y a une commande «artistique» de l'Historial de la Grande Guerre de Péronne. Paysan béarnais, le grand-père de F.Roux, figure pincipale de ce texte, n'était pas «du genre qu'il faut perpétuellement rappeler à l'ordre. Il a toujours obéi, même quand on ne le lui demandait pas, c'est ce qui qualifie le mieux l'espèce la plus ordinaire : l'anonyme. Il était de l'étoffe dont on fait les héros : grossière». «Maladroit comme un cochon», il revient avec une jambe en moins. Avec son art du contre-pied, Frédéric Roux ressuscite la figure du vieil homme pour aller chercher le jeune soldat qu'il fut au coeur de cette guerre monstrueuse et pourtant «logique». Comment expliquer «l'absurde désir que l'on en a», un désir fait de pulsion de mort, de servitude volontaire envers la patrie, de bourrage de crâne et de cette morbide curiosité qui nous poursuit longtemps ? Plus qu'un romancier, Roux se fait mémorialiste voire chroniqueur, frôlant même pour mieux s'en éloigner le statut d'historien. A la fois essai qui raconte et récit qui pense où alternent le je, le il et le nous, Le Désir de guerre est une grande réussite, concentrée de colère et de drôlerie, qui se rapproche finalement de ce que Pierre Nora avait voulu lorsqu'il avait lancé son projet d'ego-histoire: «éclairer sa propre histoire en éclairant l'histoire des autres»