Vingt et un jours

21 jours, c'est le délai accordé aux demandeurs d'asile pour restituer à l'Ofpra leur dossier de demande d'asile, délai au-delà duquel le demandeur qui n'a pas fourni les pièces requises reçoit un ordre de quitter le territoire français. Emeline est étudiante à Sciences-Po. Elle a décroché un stage de fin d'études dans un centre d'hébergement de la grande banlieue parisienne. Elle sera formée par Lara, ancienne avocate reconvertie dans l'humanitaire. Cette dernière est une femme redoutable, aguerrie à la politique migratoire, qui consacre son énergie à la constitution de dossiers irréprochables, la moindre faille pouvant être exploitée par l'administration pour justifier un refus. Les deux femmes reçoivent Ehsan, un jeune Afghan, dont elles vont devoir retracer l'itinéraire en distinguant le vrai du faux, avec l'aide d'un jeune interprète, Jawad, lui aussi demandeur d'asile, mais appartenant à une autre ethnie. Ehsan est membre de l'ethnie hazara, persécutée par les Talibans. Il aurait traversé l'Europe à pied. Alors qu'Emeline, novice, mord à l'histoire d'Ehsan, Lara en décèle rapidement les incohérences. Il faudra bien 21 jours - et 21 chapitres - pour connaître la véritable histoire d'Eshan, 21 jours pour le conduire à avouer l'indicible, 21 jours pour déposer in extremis son dossier de demande d'asile, alors que son interprète Jawad aura moins de chance que lui. 21 jours qui auront agi sur Emeline comme un accélérateur d'intelligence et d'humanité.Ce compte à rebours rend particulièrement palpable l'angoisse des migrants et de ceux qui les défendent face à une administration implacable. Les portraits sont justes, touchants, pleins d'un humour inattendu. Avec empathie et précision, Laurence Tellier-Loniewski, sans pour autant idéaliser les migrants, nous aide à les comprendre.