L'evangile d'eros

Récit de faits réels, autobiographie à la troisième personne ou fiction pure ? Ce roman est étrange à plus d'un titre. Si ce qu'il raconte est vrai, c'est l'histoire élégante d'un crime. Laurence vient de perdre son frère, son initiateur aux jeux cruels de l'amour, dans un accident de voiture. Pour le retrouver et le perpétuer, elle va séduire sa maîtresse androgyne, Marie-Agnès, et la conduire au supplice, ultime communion avec son frère. Laurence écrit L'Education d'André, un récit intercalaire qui met en scène une Florence et des personnages qui sont peut être tous des doubles de Florence Dugas. Marie-Agnès a bien existé. A-t-elle été tuée ? Ou son dépeçage n'est-il que l'ultime métaphore, le règlement de compte d'un amour qui se défait ? Quant à cet André... Les relations incestueuses qu'il vit avec sa mère dans ce récit enchâssé sont un pendant de l'inceste sororal du récit principal. Dans cette construction gigogne, bien des faits se recoupent . Un même sens de la faute, sensible dans les métaphores christiques qui abondent dans ce répit païen. Une bisexualité active. Le goût des intromissions d'objets hétéroclites dans le corps. Un même usage du fouet. Un tatoueur commun aux deux récits. Une même mise en scène de l'écriture, aussi, comme si rien ne comptait que ce moment où la plume figée au-dessus de la page plonge vers les mots. Dans ce texte aux forts accents sadiens, aux confins de la folie et de l'excès, Florence Dugas, après son récit autobiographique Dolorosa Soror, continue son exploration des zones troubles de l'âme. L'Evangile d'Eros est le roman d'une passion au sens religieux du terme où l'amour se conclut dans la douleur car seule la douleur rachète la faute de l'amour.