Pourquoi personne ne me collectionne ?

« Qu'est-ce qui répugne tant aux collectionneurs chez moi et dans mes livres ? Je suis plutôt bien de ma personne - dans un genre assez peu commun - et je parle le français couramment - je vais même jusqu'à émailler certains de mes écrits de phrases en français. C'est vrai, je le concède, il arrive que mes textes, lorsqu'ils partent pour la composition, ne soient pas totalement orthodoxes du point de vue de l'orthographe et de la ponctuation ; mais j'ai toujours eu des correcteurs très scrupuleux, et lorsque mes livres paraissent, il ne reste en général rien dedans qui soit susceptible d'offenser l'oeil du lecteur. Malgré cela, des professionnels hospitaliers m'ont raconté qu'en moyenne, les patients qui s'en allaient laissaient derrière eux plus d'exemplaires de mes livres que de ceux de n'importe quel autre auteur. Les gens pourraient au moins faire l'effort de les emporter chez eux, non ? » Dans le présent recueil, Robert Benchley tentera de ranger son bureau, de dicter une lettre, de remplir sa déclaration d'impôts, de lancer un plan quinquennal (mais peut-être sur six ans), et même de prendre à bras le corps la construction du barrage Hoover. Constatant l'échec patent de moyens de locomotion comme la voiture ou l'avion, il militera également pour le retour de la bicyclette. Encouragé par l'exemple de son ami Hemingway, il essaiera enfin de vendre à ses lecteurs quelques exemplaires particulièrement rares de ses propres livres. Dans une deuxième partie, intitulée Les crimes fascinants, Benchley s'efforcera d'élucider quelques-unes des affaires criminelles les plus nébuleuses et, de l'aveu même de l'auteur, « les plus inintéressantes jamais répertoriées ». Pour preuve : « On a souvent fait remarquer que les assassins étaient tentés de revenir sur les lieux de leur crime. Le cas d'Edny Patselle est le seul répertorié où c'est le lieu du crime qui est revenu sur l'assassin. » Il donnera enfin un certain nombre de conseils aux gangsters et autres aspirants criminels, afin, dit-il, « d'en finir au plus tôt avec ces arrestations humiliantes ».