La vie est une immense cafétéria

Il y a ce jeune gars que ses défunts frères ont visité en rêve, réécrivant pour l'occasion leur histoire. Il y a ce vieil homme sur le point de se séparer de Walther, son compagnon de route, son meilleur ami ; son flingue. Il y a ce taulard en perm, le temps d'une mission qu'on lui a confiée. Le temps d'espérer, juste le temps de vivre. Il y a ce mec, libre comme l'air, obnubilé par cette femme, en photo, sur la pochette de son vinyle préféré. Il y a ce photographe, homme brisé, qui frappe à la porte d'un vieux démon, ce prof qui l'a jadis réduit en miettes. Il y a cette jeune femme intrépide, qui bouffe la vie à 100 à l'heure, comme lorsqu'elle braque cette cafétéria. Et il y en a bien d'autres, qui attendent, plateau en main, que la vie leur serve pitance. « Une odeur de brûlé le ramena dans le présent. C'était le toasteur qui refusait d'éjecter le pain de mie. Il se leva pour libérer les morceaux de charbon qu'il posa sur la table. Il les fixa longtemps en se comparant à l'un d'eux. Lui aussi, la vie refusait de l'éjecter là où il aurait souhaité aller. »