Sabine Cariou, Julien Boutonnier

Sabine Cariou, psychologue clinicienne, responsable du dispositif Epizelos (Pôle d’intervention d’urgence, de gestion de crise et de prise en charge post-traumatique) de la Maison de la Psychologie – s’appuyant aussi sur une expérience de 20 années comme sous-officier dans le corps des sapeurs-pompiers – évoquera la façon dont elle s’oriente dans sa pratique et dont elle engage son geste de thérapeute, au cours d’un dialogue avec Julien Boutonnier, membre du Comité de rédaction de la revue Empan.

Le trauma est cet événement qui ne s’inscrit pas dans le psychisme de la personne. Il déloge le sujet. Il résiste au travail de liaison, d’association et de transcription. D’une certaine façon, c’est comme s’il n’avait pas eu lieu. Ainsi, la clinique du trauma pourrait être saisie par cette question paradoxale : qu’est-ce qui vous est arrivé que vous n’avez pas vécu ?
Un tel paradoxe induit un abord singulier des notions de soin, récit et création que le Café psy a choisi cette année pour orienter ses propositions de séance. De quoi soigner est-il le nom dès lors que la cause de la souffrance du sujet se présente sous l’aspect d’un événement qui le déborde, le hante et ne semble pas destiné à être psychiquement dépassé ? Comment soutenir un sentiment continu d’existence quand le récit se présente comme impossible ? À quelle création l’hémorragie psychique causée par le trauma oblige-t-elle patient et thérapeute ?
Dans une perspective clinique, ce paradoxe engage un certain type d’écoute qui nécessite des dispositifs d’accompagnement précis et spécifiques, un étayage conceptuel, un engagement singulier du thérapeute.