Victoire aux poings

Athènes, 28 août 2004 : debout sur la deuxième marche du podium des Jeux Olympiques, le boxeur Jérôme Thomas lève ses bras au-dessus de sa tête. Médaille de bronze aux JO de Sydney, champion du monde en 2001, ce poids mouche de vingt-cinq ans, à la frêle silhouette, n'aurait jamais dû être champion, ni même simple sportif... 20 janvier 1979 : le petit Jérôme Thomas naît à Saint-Quentin. Atteint d'une maladie congénitale rare, il vient au monde avec un côté gauche abîmé - pas de muscle pectoral, les doigts collés et le bras plus court. Pas exactement les canons d'un boxeur... Il subira sept opérations pour décoller les doigts de sa main gauche. L'histoire de Jérôme Thomas est celle du courage et de la volonté, celle d'un enfant handicapé qui rêve de faire comme les autres. Et même mieux que les autres. À huit ans, exclu du cours de judo parce qu'il aimait trop la bagarre, il traverse la rue et se rend à la salle de boxe. Premiers coups, premières difficultés. Chétif, malingre, le garçon n'a pas la vie simple, car son handicap l'oblige à travailler plus que ses camarades. À quatorze ans, lors de son premier combat à l'étranger, le médecin de la visite médicale refuse de le laisser boxer. Il faudra l'intervention et le pouvoir de conviction d'Aldo Cosentino, son entraîneur, pour le faire changer d'avis. Côté famille, tout n'est pas rose non plus. On est nombreux chez les Thomas - sept enfants - et le salaire de prof de judo du père adoptif de Jérôme est bien juste pour faire vivre tout ce petit monde. Dans son livre, le vice-champion olympique raconte son itinéraire d'enfant pas gâté : sa jeunesse en Picardie, sa rencontre avec la boxe, sa volonté inouïe face à ses handicaps physiques, sa venue à Paris, ses combats, ses amours, sa famille, le milieu de la boxe amateur... bref, tout ce qui fait de lui un champion atypique. Le tout dans une langue savoureuse qui a aussi contribué à faire de lui la tête brûlée des rings et un des sportifs d'Athènes qui ont le plus fasciné le public.