
Yves Pagès : à propos de Gatti
Rencontre – La voix qui nous parle n'a pas besoin de visage
Salle de conférences
Rencontre avec Yves Pagès autour de La voix qui nous parle n’a pas besoin de visage paru aux éditions Gallimard.
Yves Pagès est écrivain et éditeur. Il anime, avec Jeanne Guyon, les éditions Verticales et a publié une quinzaine de livres, dont Petites Natures mortes au travail (2000), Le Théoriste (2001), Souviens-moi (2014), Tiens, ils ont repeint ! 50 ans d’aphorismes urbains de 1968 à nos jours (2017) ou Il était une fois sur cent. Rêveries fragmentaires sur l’emprise statistique (2021).
Armand Gatti, de son vrai nom Dante Sauveur Gatti, est un journaliste, poète, écrivain, dramaturge, metteur en scène, scénariste et réalisateur français. Il passe son enfance dans le bidonville de Tonkin avec son père, Augusto Reiner Gatti, balayeur et anarchiste, et sa mère, Laetitia Luzano, femme de ménage. Engagé dans la Résistance à partir de 1942, il est arrêté en 1943. Condamné à mort, Armand Gatti est gracié, en raison de son jeune âge. Il parvient à s’échapper d’un camp de travail en Allemagne où il avait été envoyé et s’engage en 1944 dans l’armée de l’air, le Special Air Service (SAS). Il participe à la libération de la France comme parachutiste. Devenu reporter après la guerre, il rend compte des luttes ouvrières menées en France et des massacres de paysans indigènes par la dictature militaire au Guatemala. Ses reportages lui valent le prix Albert-Londres, en 1954. Par la suite, il tourne plusieurs films, dont l’un, L’Enclos, est primé en 1961 à Cannes, et se concentre sur l’écriture de pièces de théâtre : La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste G. (1962), La Seconde Existence du camp de Tatenberg (1962), Chroniques d’une planète provisoire (1963). Il doit pourtant faire face à la censure qui frappe plusieurs de ses œuvres sur décision du gouvernement gaulliste, en raison de leurs caractères politiques. En 1968, sa pièce La Passion en violet, jaune et rouge est censurée. Cet acte marque un tournant : Armand Gatti décide de rompre avec le théâtre institutionnel. Il commence une autre vie, qui le mène de Berlin à Gênes en passant par l’Irlande. En 1988, le ministre de la Culture, Jack Lang, lui remet le Grand Prix national du théâtre. En 2013, Armand Gatti reçoit le Prix du Théâtre de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Il est décédé le 6 avril 2017 à Saint-Mandé.
©Ariane Audouard