Martine Girard

Café psy #1 : « La part de créativité dans le soin psychique » en compagnie de Martine Girard.

Martine Girard. Psychiatre des hôpitaux honoraire au CHU de Toulouse, Membre de la Société psychanalytique de Paris.

« Compte tenu du succès de la notion de créativité dont l’usage extensif pourrait risquer de lui faire perdre toute pertinence, je proposerais de resserrer notre attention sur la définition qu’en donne Donald Winnicott dans son rapport à la perception et à l’épreuve de réalité. Question centrale que celle de « l’offense de la réalité » (Winnicott) jamais finie pour tout un chacun et tout au long de la vie comme souligné dans l’argument de ce cycle ; mais particulièrement cruciale dans les psychoses (et donc le soin psychique). En effet, dans ce cas, le défaut de relation avec la réalité extérieure « constitue presque tout le problème » (Winnicott, 1945), comme l’indiquait Freud en 1924 : le conflit inaugural dans les psychoses n’est pas intrapsychique mais entre le moi et la réalité. Ainsi la part d’illusion nécessaire à la vie psychique n’est pas une fin en soi mais la condition de la « tâche de désillusionnement » (Winnicott) à laquelle elle est indissolublement liée pour permettre d’accéder à la réalité tout en en tempérant l’épreuve. Rappelons enfin que pour Winnicott « l’amour » primitif inclut la destructivité et qu’il existe toujours des « forces latentes vengeresses » (1970) dans le soin et le prendre soin.Dès lors, si créativité il y a dans le soin psychique ce n’est pas tant sur notre créativité de soignants que nous nous étendrons mais sur son usage en creux, par exemple le renoncement à toute forme d’« animation » face à celui ou celle qui ne parle pas, ne fait rien et ne demande rien. Comment être le plus délicatement possible et sans empiétement au plus près de ce que pourrait apporter le plus démuni ou le plus « négativiste » des patients ? Effacement attentif dans la co-présence pour recevoir le dérisoire, laisser advenir leur propre créativité au plus près du geste spontané. » M. Girard

Café psy 24-25. Un thème : Soin, récit, creation. Cinq dates. Un argument general.
Quelles que soient les significations qu’on lui accorde, le terme de création imprègne l’art comme le soin. Il s’agit de faire surgir, mettre au monde, des représentations nouvelles… « La création nous est nécessaire car elle prolonge notre inachèvement et le rend supportable. » Serge Vallon
« Nous sommes différents de Freud, qui voulait guérir les symptômes. Nous, ce qui nous intéresse, ce sont les personnes vivantes, la vie, l’amour, dans leur totalité ». Danal Winnicott voulait parler ici de la subjectivité humaine comme d’un processus de création dans lequel l’illusion, l’imaginaire et le récit permettent l’entrée en contact avec la réalité. Ce sont les liens entre « Jeu et réalité » que le Café psy propose cette année comme motif de la conversation. Nous aborderons sous cet angle les cinq moments suivants ; Collectif de soin, Destin du psychotrauma, Travail de la mémoire, Fonction du récit et appartenance groupale, Écriture et folie.