
Bertrand Badie - COMPLET
Conférence-débat – 1945-2025, la fin d'un Monde
À Sciences Po Toulouse
COMPLET
Conférence-débat avec Bertrand Badie : 1945-2025, la fin d’un Monde. Organisée par le Grep, en partenariat Les Amis du Monde Diplomatique.
Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po Paris, concentre ses recherches sur la sociologie des relations internationales. À l’occasion du 80e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont le dernier est intitulé L’Art de la paix (Flammarion, 2024), revient sur ce qui reste de l’ordre mondial mis en place en 1945.
[…] vous écrivez dans votre ouvrage que « la non-guerre n’est pas la paix ». Il faut, dites-vous, « remettre la paix à l’endroit ». Que voulez-vous dire ?
La grande erreur de l’Occident et de la Russie est de ne considérer la paix que comme un entre-deux-guerres. Si la paix est considérée comme un principe premier de coexistence, elle va bien au-delà du dépassement de la guerre : elle suppose l’intégration sociale de l’espace mondial et l’élaboration d’une vraie sécurité humaine. Il faut nous détourner d’Hobbes [philosophe anglais du xviie siècle], qui envisageait les Etats comme des « gladiateurs », et retourner à Aristote, qui parlait de réunir les différences dans un même ensemble. Les affrontements éclatent là où les conditions d’une sécurité humaine minimale ne sont pas réunies. Les dégâts causés par le changement climatique ou les crises alimentaires et sanitaires en Afrique conduisent à la banalisation, voire à la pérennisation des conflits parce que la société guerrière semble être l’aménagement naturel du désordre qui y règne. Il faut donc exiger ce que l’ancien secrétaire général des Nations unies [de 1997 à 2006] Kofi Annan appelait « un multilatéralisme social » – une prise en compte du facteur humain dans le jeu de la mondialisation. […] Bertrand Badie, propos recueillis par Gaïdz Minassian, Le Monde ©Franck Ferville/Flammarion