Antinoüs et Hadrien : histoire d'une passion

Parvenus presque intacts jusqu'à nous, statues, camées, bas-reliefs, intailles et pièces de monnaie, constituent autant de preuves de la fascinante beauté d'Antinoüs, comme en témoigne son profil finement gravé au coeur d'une sardoine connue sous le nom de Gemme Marlborough. Mais de cette figure flamboyante et mythique, il émane une tristesse qui ne saurait laisser indifférent celui qui la contemple. Page ou esclave, aujourd'hui encore le mystère demeure, le jeune Grec à l'air paisible et rêveur nous offre au travers de ses innombrables portraits un aspect trompeur de sa personnalité. Car cette âme sensible et tourmentée, qui fut pourtant aimée du plus grand empereur de Rome, supporta difficilement sa condition de favori. Bien que destiné à satisfaire les sens d'Hadrien, l'empereur succomba néanmoins à son charme et s'attacha à lui plus que de raison, si bien que sa disparition prématurée suscita chez le souverain un culte effréné de la jeune figure trop tôt disparue.

Si Hadrien n'a cessé de se faire entendre à travers les siècles, il semble que son favori, quant à lui, ait été condamné au silence. Il aura suffi d'une rencontre avec Antinoüs dans un musée à Rome pour que l'auteur, ému par sa tristesse, décide de lui prêter une oreille attentive.