Guy Gilles : un cinéaste au fil du temps

Objets poétiques déroutants et inclassables, les films de Guy Gilles (1938-1996) n'ont en leur temps pas trouvé la reconnaissance critique et publique qu'ils méritaient. Ce dédain passé s'explique probablement par ce qui force aujourd'hui l'admiration : ces films étaient trop à fleur de peau pour épouser la radicalité de leur époque, trop mélancoliques pour être récupérables. Mais le temps les a préservés, et a rendu plus précieuse encore leur splendeur formelle, où le présent s'égrène dans une conception unique du montage, où le spleen s'accroche à la présence des choses, à la beauté des visages et des lumières. L'Amour à la mer (1964), Au pan coupé (1967), Le Clair de Terre (1970) et Absences répétées (1972) sont les sommets de cette oeuvre (constituée d'une douzaine de courts métrages et de huit longs métrages pour le cinéma, ainsi que d'une quarantaine de travaux pour la télévision, dont le très beau Proust, l'art et la douleur, 1971).

Cet ouvrage est l'aboutissement du travail passionné de quelques admirateurs (collaborateurs du cinéaste, critiques, programmateurs) qui, depuis plus de dix ans, travaillent à sortir Guy Gilles de l'oubli dans lequel il était tombé au lendemain de sa mort. Sont réunis ici des textes très divers (essais, entretiens, journal de tournage, textes de Guy Gilles lui-même), et une très riche iconographie constituée de photogrammes, de photos de tournages, de documents de travail, mais aussi d'images issues de l'oeuvre photographique du cinéaste, magnifique prolongement de son travail cinématographique.